Suggestions pour les débutants

Parlons technique ;
parlons techniques :

Même si par certains aspects il pourrait y ressembler, ce site n'est pas vraiment un cours de peinture. En tout cas ce n'est pas un cours de peinture tel qu'on pourrait se l'imaginer, avec des indications, une progression, des étapes comme on en trouve parfois, avec résultat garanti à la fin.

Non ! Mon but, je le rappelle, est d'apporter des éléments de réponse à vos questions légitimes concernant la création artistique. Mais aussi d'ébranler quelques unes de vos certitudes, pour vous amener à vous interroger. C'est dans ce questionnement, ce cheminement, que vous trouverez les réponses qui vous permettront de surmonter les difficultés ou les obstacles que vous rencontrez ou rencontrerez.

Parfois le texte se résume à des notes. Quelques mots que vous pourrez survoler s'ils ne vous évoquent rien, mais que vous pourrez interpréter à votre manière s'ils vous interpellent.

DESSINER

Le dessin est à rapprocher de la musique. Il y a des règles, des conventions et des gammes à pratiquer. C’est un entraînement permanent de l'œil et de la main.

Les outils usuels sont : le crayon communément appelé : à la mine de plomb, même si désormais les mines ne sont plus en plomb, ou à mine de graphite. Le risque avec cet outil très commun, est de chercher à représenter les détails au lieu de rechercher la forme générale. De plus le crayon HB est trop timide... Il est préférable de se lancer directement dans les crayons gras qui eux vont laisser une trace significative.

Pour les débutants, je lui préfère :

la mine de carbone, la pierre noire, le fusain, la sépia et la sanguine, proches des crayons pastel, l’encre de chine, le brou de noix, à la plume ou au pinceau.

Créer un dessin, c'est simplifier, oublier les détails secondaires pour aller à l'essentiel.

N'imaginez pas tout de même, que vous allez tracer d'un trait le contour d'un objet, à la manière de Jean Cocteau. Cette approche singulière est le fruit d'une longue pratique. Dans notre cas, sans utiliser de gomme, les différents traits de retouche, qui vont se chevaucher, vont "nourrir" le tracé, et le rendre plus vivant. Ce sera l'œil de l'observateur qui viendra "corriger" le tracé et choisir le trait idéal pour lui.

S'interroger, se poser les bonnes questions :

Qu'est ce qui me paraît primordial ?

Que faut-il garder ?

Que faut-il négliger ?

Qu'est ce qui me plaît dans le sujet que j'ai retenu ?

Vous dessinez automatiquement en deux dimensions (2D), sur une surface, ce que vous voyez en 3D, en volume. Plus le plan du tableau se rapproche de la verticale, plus le passage en 2D sera facile. D'où l'utilisation d'un chevalet ou d'une planche support.

La tendance naturelle, héritée sans doute de l'école, est de tracer les contours des objets, au lieu de chercher les masses et leur rapport. N’oublions pas, il s’agit de représenter en deux dimensions une réalité qui elle est en trois dimensions, et tenter de donner l'illusion de la profondeur.

Seule la pratique peut donner la connaissance. L'œil est plus important que la main.

Un bon exercice pour comprendre comment dessiner : Tracer sur une vitre avec un feutre ce que l'on voit à travers elle. Seulement les contours des masses, ou des zones de valeurs, sans se préoccuper des objets, juste les contours des formes que l'on voit. Noter l'importance de l'angle de vue. Ne pas se déplacer. Le moindre écart, le moindre mouvement de tête, modifie l'angle de vision, modifie la vue, la perspective. D'un œil à l'autre, la vue n'est pas la même. Important pour les natures mortes ou les figures. Pour le paysage, c'est moins grave, sauf en ce qui concerne le premier plan.

Apprenez la perspective, en utilisant les valeurs (ombres et lumières). En peinture, essayez aussi la perspective atmosphérique (tons froids qui éloignent, tons chauds qui rapprochent, tons vifs en premier plan, couleurs atténuées pour les lointains).

Le dessin descriptif : utilisation à la manière d'une liste, est une notation rapide des objets, de ce qui nous entoure, c'est une prise de notes codifiée.

Identifier les objets, les décrire. On dit couramment qu'un dessin vaut mieux qu'un long discours. Que c'est plus pratique pour communiquer. Le dessin donne une vision globale par rapport à une description verbale ou écrite.

Chaque objet existe séparément, individuellement. Nous sommes habitués à utiliser les objets indépendamment les uns des autres, ou dans un certain ordre : saisir une fourchette pour piquer un aliment dans une assiette par exemple...

Selon la finalité de l'action, les objets sont vus différemment. Lorsqu'on a besoin d'une fourchette pour manger (le côté utilitaire de la fourchette), on ne pense pas à regarder les reflets de lumière qu'on pourrait y voir si on l'observait en vue de la dessiner. On ne pense pas non plus à son environnement. Notre regard habituel "isole" les objets.

Les objets changent de forme en fonction de l'angle de vue. Les distances qui les séparent changent aussi, la disposition également. Pourtant quel que soit l'angle, nous reconnaissons un objet, un visage, une silhouette.

La lisibilité. Répondez à la question : « si je ne représente pas ce détail, est ce qu'on pourra comprendre ce que c'est malgré tout ? ».

Faut-il tout représenter ?

Vérifiez la cohésion du sujet.

Le problème des raccourcis. Vus sous certains angles, les dimensions perçues n'ont plus rien à voir avec les dimensions réelles. La moindre erreur peut transformer complètement la compréhension du sujet, ou le rendre incompréhensible.

Dessiner d'après nature est important pour apprendre à passer de la 3D à la 2D. L'utilisation de photos ne permet pas de faire cet apprentissage fondamental.

N'hésitez pas à dessiner grand. Sur grand format. Vos erreurs seront plus évidentes. Vous pourrez ainsi les corriger plus facilement. Travailler sur des formats différents est un exercice pour le cerveau et la main. Comme un assouplissement de l'effet d'échelle.

Seul l'artiste peut décider si l'œuvre est achevée ou pas.

Si tout y est.

Suffisamment.