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Réfléchir, s'interroger, préparer son projet :

 

Quel aspect, quelle ambiance, quel souvenir restera
présent à mon esprit de mon sujet
lorsque j'aurai pris de la distance ?
et sous quelle forme ?

 

Qu'est ce que j'ai retenu de ce que j'ai remarqué ?
Qu'est ce que je voudrais transmettre avec force,
comme message de ma compréhension du sujet
que j'ai choisi ?
Comme élément du feu qui m'anime.
Non pas le vécu ou son environnement,
les circonstances, qui sont à la portée de toute personne,
mais cet éclair qui a traversé ma compréhension, fugitif,
indomptable, ténu et très intime.
Cette vision toute personnelle qui se superpose au sujet.
Ces idées fugaces, ces images associées éphémères,
liées à des souvenirs, des illusions, des rêveries.

 

Qu’est ce que ce sujet représente pour moi ?

 

Qu'est ce qui me touche le plus ? Le mouvement ? Le rapport des valeurs ? Le rapport des tonalités ? Les couleurs ? Harmonieuses ? Agressives ?...

 

Qu'est ce que j'ai perçu de cette forme ? De cet ensemble ?

 

Quel équilibre, ou dissonance a fait basculer ma compréhension et m'a conduit de la surprise à l'émerveillement ? Quel jeu de couleurs, camaïeu, harmonie, m'a ébranlé ?

 

Quelle vision j’ai envie de donner de ce sujet ?

 

Sur quel point fort je veux attirer l'attention ?

 

Pourquoi je préfère ce croquis ou ce tableau à cet autre du même sujet ?

 

Pourquoi mon goût n'est pas celui de tout le monde ? Différent de celui qui n'y connaît rien ? Différent de celui qui dit s'y connaître ?

 

Qu'est ce qu'un chef-d'Å“uvre ? Pourquoi une Å“uvre attire les suffrages à une époque et pas à une autre ?

 

Pourquoi je trouve plus d'émotion dans quelque chose qui est suggéré et que je découvre par moi-même que lorsque la ressemblance est telle que l'image s'impose et ne laisse pas cours à l'imaginaire ?

 

Pourquoi parfois, je me surprends à l'interprétation de taches, d'enchevêtrements de lignes, de branches d'arbres, en été, ou en hiver, cherchant dans la nature des équilibres de couleurs, des oppositions ?...

 

Pourquoi je reviens fréquemment sur ce que j'ai cru y saisir ? Comme pour me rassurer, vérifier que je n'ai pas rêvé, que cela existe bien. Quand le soleil se lève. Quand il se couche. Quand le vent rugit. Quand la mer est calme. Quand le paysage est grandiose ou fermé. Quand la personne qui est devant moi sourit... ou se penche lentement...

 

Comment expliquer que parfois, j'ai envie de scruter, de creuser, là où il n'y a "officiellement" rien à voir. Dans ces taches de peinture ou d'enduit sur un mur endommagé ou délavé par le temps. Quand j'ai le regard fasciné par ces reflets dans une mare, qui se tordent sous le souffle du vent. Changent de forme. Dansent. Sans relâche... Léonard de Vinci lui-même recommandait de s'intéresser à ces impressions fugitives, en tant qu'artiste.

 

Comment ce qui m'entoure se réfléchit en moi ? Quelle portée cela a-t-il ? Quelle répercussion ? Quelle signification ? Quelle interprétation en donner ?

 

Peindre la réalité qui m'entoure. La vérité ? La réalité ? Quelle vérité ? Quelle réalité ? Cacher les défauts des personnages, ou les mettre en évidence, comme faisant partie de leur personnalité ? Respecter ces couleurs dont les tons changent en fonction de l'heure de la journée ?... D'autres s'y sont essayé. Voir les nymphéas ou les cathédrales de Rouen peintes avec obstination et fascination par Claude Monet...

Qu'est ce que l'objectivité ?

 

Autant de questions, singulières et uniques, parce que étroitement liées à la personnalité, à l'itinéraire, au vécu de chacun.

 

Quelques axes de recherche :

 

Les sujets, la manière de les aborder, de les traiter, la composition, le choix des couleurs, la touche sont les mots, les phrases, les silences que le peintre utilise pour exprimer ce qui le passionne.

 

Jouer avec les pleins, les vides, le positif et le négatif, créer un espace pictural.

 

La place du vide dans ma peinture. Le rôle des vides. Les espaces positifs et négatifs. L'opposition, le jeu des pleins et des vides. Comme les deux faces d'un miroir. Comme deux frères ennemis. Inséparables et pourtant que tout oppose.

 

Le support peut prendre du sens, le fond peut avoir une place fondamentale. Pas seulement être présent comme faire-valoir.

 

Quelle rythmique ? Quelle dynamique mettre en place ? Quels intervalles ? Quels liens ?...

 

Laisser des espaces libres, reposants, qui permettent de respirer, et créer à côté des zones dynamiques. Ces espaces se mettent en valeur mutuellement.

 

Comme nous sommes capable de reconnaître une voix dans le brouhaha, notre vision est sélective. Pour mieux isoler le sujet dans le tableau, nous pouvons jouer sur un équilibre personnel des couleurs. Placer des zones au rythme régulier à côté d'une zone qui s'en écarte peut mettre en valeur cette singularité. L'opposition choisie par le peintre peut capter le regard.

 

Jouer avec les transparences, les épaisseurs, les superpositions de couches.

 

Appliquer des modelés, des aplats, estomper, pour qu'on ne voie pas la trace de l'outil, crayon, pinceau, brosse, spalter, éponge, doigt, couteau, ou au contraire laisser la touche, l'écriture, la virtuosité apparaître, pour que l'on sente la gestuelle, la fougue, l'élan, la dynamique.

 

La lisibilité. Ce qui se voit. Ce qui ne se voit pas au premier abord. Comment mettre en valeur mon sujet ? Ne pas le noyer dans les détails ? Ne pas le tuer en changeant de point de vue en cours de réalisation ? Comme on passe d'une page à une autre sur internet, sans même l'avoir cherché.

 

Rendre compréhensible mon sujet, sans le dénaturer. Le simplifier lorsqu'un raccourci en rend certaines parties incompréhensibles.

 

Ce qui me plaît dans ce sujet. Pourquoi ça me plaît ? Pourquoi ça me parle ?

 

Pourquoi ai-je envie de parler de moi, dans le choix de mes sujets, dans la composition, le cadrage, la manière dont j'isole ce sujet, le mets en valeur, ou au contraire le noie dans le décor, l'intègre dans le fond, comme un vulgaire élément d'ambiance ?...

 

Parler de ce qui m'intéresse, de ce qui me touche.

 

Le labeur ne doit pas être visible. L'œuvre finale doit l'occulter. Cacher les recherches, les hésitations. Ou au contraire les laisser apparaître, comme les traces signifiantes d'un parcours.

 

À la suite de Marcel Duchamp, il est possible de jouer le conceptuel, de choisir une approche artistique où l'intervention du cérébral, la réflexion participent à la création.

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