Parlons peinture...
Dans notre civilisation, l'image a pris une place fantastique et incontournable. Depuis la photo, le cinéma, la télévision, les petits écrans, les grands écrans,... peindre est devenu pour certains un véritable défi au point qu'ils redoutent de s'y mettre. La plupart du temps parce qu'ils s'imaginent rivaliser en peinture avec les productions travaillées et retravaillées avec virtuosité sur ordinateur dont nous sommes abreuvés. C'est tellement plus rapide avec un logiciel de traitement d'image...
La photo numérique en a remis une couche. Le flot des images nous submerge. Haute définition. Haute qualité. Haute capacité. Toujours plus d'information, que nous ne parvenons même plus à gérer... Les photos s'entassent sur nos disques durs, sur nos cartes mémoire, dans nos téléphones portables...
Pourtant tout le monde sait dessiner, tout le monde sait mettre des couleurs sur des formes. Le dessin est quelque chose de naturel. Les enfants savent s’exprimer de cette manière, bien avant de savoir lire et écrire. Certains affirment même que le dessin, la peinture, la maîtrise du geste et de l'espace pictural sont nécessaires pour l'apprentissage de l'écriture.
Mais à ce stade, la représentation est symbolique. L’enfant dessine un personnage, une maison, une voiture. Même s’il dit qu’il s’agit de Maman ou de son petit frère, de sa maison, de la voiture de Papa, tout est stéréotype. Trois petits traits, au bout d'un grand, figurent les doigts de la main au bout du bras. Souvent quelques symboles bien placés permettent d'identifier les personnages. Une coiffure, des détails vestimentaires, des accessoires...
« C'est beau !... C'est très bien, ce que tu fais !... »
Les réflexions des parents ou de l’entourage infléchissent la manière dont l'enfant rédige son message graphique. On ne manquera pas de lui faire remarquer que Maman a les cheveux longs et blonds, ou noirs et frisés. Que son petit frère porte un pantalon bleu, que sa maison a un étage ou l'appartement trois fenêtres, que son Papa porte une barbe, une moustache ou n’a pas de cheveux... Et l’enfant ajoutera ou retirera certains détails ou symboles à son œuvre, en fonction de ce qu'on lui dicte, en fonction des événements de sa vie.
Les personnages pourront avoir une taille en relation avec l'importance qu'ils prennent pour lui. Par exemple un père distant, ou absent aura souvent une taille inférieure à celle de la mère omniprésente auprès des petits.
À tâtonnements, les coloris cherchent leur harmonie. L'enfant explore la couleur. Joue avec elle. Par la suite, les dessins de face et de profil s'affirment, et les nuances cherchent à respecter la logique de ce qui est perçu. Le ciel est bleu, les arbres vert, la peau rose ou sombre.
Le début de l'adolescence est un virage délicat et important. Le jeune prend davantage conscience de la réalité qui l’entoure. Il cherche plus encore à reproduire ce qu’il voit ou à enrichir ce qu’il imagine : les détails deviennent plus nombreux, les dessins racontent des histoires, des moments de la vie. Parfois même les détails foisonnent. Par exemple, tout l'environnement est décrit minutieusement. Le mobilier, le jardin, la rue, les personnages sur la plage, les bateaux et les poissons dans l'eau....
Ce qui dans l'enfance paraissait évident et simple, tend à se compliquer. Le dessin devient plus sophistiqué. Le problème se pose de traduire un monde en trois dimensions sur un support en deux dimensions, le plus souvent : une feuille de papier. Pour aborder la perspective, et tracer des lignes droites, il est fait usage de la règle. Les difficultés et les tentatives ne sont pas toujours bien assimilées.
Dans cette représentation de la réalité, il y a cette épreuve embarrassante de la confrontation au public. Et si le jeune est satisfait de ce qu’il a dessiné, il n’accepte que difficilement les critiques. La sensibilité est à fleur de peau. De plus la critique est rarement bienveillante. Elle est difficile à affronter et à supporter. Le jugement des adultes est incisif, et le jeune se replie sur lui-même. Blessé dans sa manière de faire, personnelle et instinctive. Beaucoup arrêtent alors cette activité, disant : « Je ne sais pas dessiner ». Assez souvent, les choses en resteront là. Pendant des années. Dommage !
Plus tard, parfois beaucoup plus tard, des souvenirs resurgissent de cette période créative qu'est l'enfance. Certains s'interrogent :
Que cherche le peintre ?
Une certaine harmonie des couleurs, des teintes, des formes ?...
Que cherche-t-il à exprimer ?
La réalité qu'il a sous les yeux ?... Le choc émotionnel qu'il a ressenti dans une situation donnée ?... Une réalité intérieure, stimulée par son environnement ?...
Être artiste c'est avant tout se poser des questions :
Est ce qu'il faut savoir écrire pour écrire ?
Qu'est ce que cela signifie écrire ?
Savoir tracer les lettres de son nom ?
Faire des phrases sans fautes ?
Écrire un roman ?
De même, est ce qu'il faut savoir peindre pour peindre ?
Qu'est ce que cela signifie peindre ?
Tracer une forme sur un support ?
Reproduire ce que l'on voit ?
Exprimer une vision intérieure ?
À ce stade de notre discours, pour les débutants plus particulièrement à la recherche de conseils, il pourrait être rassurant de retrouver des notions connues ou qu'ils souhaitent découvrir. Ils peuvent alors se rendre directement au chapitre :