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Suggestions pour les Débutants

Le croquis :

Croquis et esquisse : ne pas confondre le croquis pris sur le vif, de l'esquisse qui est le point de départ d'un projet. Une esquisse réalisée en atelier, pourra par exemple reprendre un croquis relevé en extérieur et faire partie d'une œuvre plus conséquente.

 

Le but d'un croquis : enregistrer des infos dans un temps limité. Un peu à la manière de ces listes que j'ai mentionnées ici.

 

Contours de masses, direction des lumières, places des ombres, zones de valeurs, placer les contrastes, noter les couleurs...

 

En extérieur :

- Effectuer des croquis comme Caillebotte, Degas.

- Ou travailler directement sur des toiles comme Monet, Pissaro, Van Gogh, Caillebotte encore, vers la fin de sa vie.

 

Fixer la lumière au moment où elle est là et correspond à notre attente. Le soleil et les nuages changent de place en permanence.

 

En quelques minutes on peut perdre la lumière qui nous intéressait. Il n'est pas certain qu'elle réapparaisse de manière identique avant plusieurs jours. Parfois cela ne reviendra jamais. Il m'est arrivé de relever un croquis, et lorsque je suis revenu sur les lieux quelques mois plus tard, des arbres avaient été coupés, mes repères avaient disparu, le paysage avait complètement changé. Mon croquis est devenu un document. Il s'inscrit dans l'histoire, l'histoire de ce qui n'est plus.

 

Dessiner d'après nature entraîne presque nécessairement de transposer, de faire des études préalables. D'où le recours aux croquis.

 

Le fusain, le monochrome, un défi, pour voir la réalité autrement. En valeurs.

 

S'habituer à travailler avec les moyens du bord, et dans les conditions environnementales et climatiques qui sont ce qu'elles sont... Il y a toujours de l'imprévu. Quelque chose qu'on a oublié... Un pot d'eau qui se renverse... la boîte de couleurs qui tombe dans l'eau... la pluie qui survient... un coup de vent...

 

Il n'y a pas un croquis, mais des croquis. Selon l'objectif, le temps dont on dispose, la personnalité et les préférences de chacun, le sujet lui-même. À vous d'adapter la technique et l'approche en fonction de ce qui se passe. De vos goûts. Ou du motif.

 

Faire plusieurs croquis consécutifs ne signifie pas automatiquement refaire exactement la même chose. Noter différents aspects, détails, points particuliers, textures, le but peut-être d'engranger sur plusieurs croquis des infos en vue d'exécuter plus tard un tableau. En plus d'être un excellent exercice pour l'œil et la main, c'est la bibliothèque que chaque peintre se constitue...

 

On pourrait dire que le premier croquis permet de prendre contact avec le sujet ; le second, d'apprendre les composantes, d'affiner la mise en place. Le troisième a des chances d'être meilleur. Le sujet sera mieux appréhendé. L'œil s'habitue, la main aussi. Si ce n'est pas le cas, enchaîner immédiatement sur un autre essai. Ne pas s'arrêter tant qu'on a l'impression qu'il est possible de faire mieux.

 

Faire des photos peut aider aussi. Particulièrement si le temps est très changeant.

 

Chacun a ses propres besoins. Prendre comme parti pris de s'intéresser davantage aux volumes qu'aux couleurs pour un sculpteur, ou privilégier les lignes de construction, le mouvement dans l'espace pour un architecte.

 

Dans le cas d'un personnage habillé, sentir le corps sous le vêtement.

 

Pour le dessinateur, la priorité pourra être le trait de contour qui délimite les formes.

 

Ou inversement, comme peintre coloriste, s'intéresser avant tout aux aplats de couleur, aux modelés, ou pas.

 

Quelques secondes permettent de noter un mouvement, une direction, une ligne générale. L'œil envoie les informations à la main. Le cerveau n'a pas le temps de corriger. L'exercice est très utile justement pour lâcher prise, cesser de tout vouloir contrôler.

 

Une minute devrait permettre de construire une structure, indiquer des directions, placer rapidement des masses.

 

Deux à trois minutes d'y ajouter des formes de base qui pourront être précisées par la suite, dès que la première approche sera terminée.

 

Mieux vaut revenir sur de bonnes bases que persister et ajouter des détails sur un croquis qui se révèle mal construit. Il n'est jamais trop tard pour reprendre un dessin ou une peinture. Ou tout recommencer...

 

On ne rattrape jamais proprement une erreur grossière sur laquelle on s'est acharné. Les reprises surchargent inutilement le croquis, qui se révélera inexploitable. Mieux vaut repartir sur des bases solides. Soit en reprenant le dessin avec un autre outil ou une autre couleur, soit en repartant sur un autre croquis, sur une autre page ou un autre support.

 

Au delà de cinq minutes on doit pouvoir commencer à donner des indications précises de valeurs, de couleurs. Si le temps paraît trop long, il est possible d'entamer un nouveau croquis s'intéressant davantage au détail.

 

Mais passer du temps sur un croquis constitue également un bon exercice. « Après avoir mis en place la structure, les éléments principaux, qu'est ce qu'il faut que je fasse ?... ». Approfondir le sujet fait découvrir d'autres dimensions.

 

Ne pas prendre en compte plus de dix zones, ou formes de base. Sinon la force du dessin, la cohésion s'en ressentent. Dans un croquis de paysage urbain, ou dans la nature, si vous cherchez à trop représenter, vous perdrez l'essentiel.

 

Avec le temps, la prise de croquis se personnalise et chacun note à sa façon les infos qu'il pense utiles. C'est en réutilisant les croquis que l'on s'aperçoit des lacunes ou impasses. C'est comme cela qu'on apprend.

 

Autre méthode de notation rapide, des zones hachurées, pas nécessairement en respectant des contours réels, des notes concernant les couleurs. Des indications de nuances, comme les abréviations utilisées dans les textes SMS, peuvent permettre de rappeler l'heure, l'orientation et les conditions climatiques et donneront des indications pour replacer les ombres, les lumières, les nuages, lors du retour en atelier.

 

En extérieur, il peut être intéressant de travailler sur des bouts de contreplaqué enduits de gesso. Les deux faces sont utilisables, et le tout prend moins de place que plusieurs toiles. Après essais, les panneaux de médiums sont un peu lourds. Jusqu'à un format raisonnable le contreplaqué de 5mm ne se vrille pas (ou pas trop) s'il est enduit sur les deux faces.

 

Travailler sur des supports au format standard pourrait permettre d'encadrer directement un essai concluant.

 

 

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