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Je n'ai pas le sentiment ici de trahir des secrets.
Juste énoncer des notes qui m'ont servi
un jour ou l'autre, et auxquelles
je me réfère de temps en temps.
Seuls les initiés comprendront.
Chacun y puisera ce qui peut
le concerner ou lui convenir.

De toutes façons tout n'est pas dit,
loin s'en faut.
Il ne s'agit ici que de quelques pistes.

 

La vision du peintre :

Ce que je découvre intérieurement est plus important que ce que mes yeux voient ou croient voir. Percevoir, dévoiler plutôt que voir.

 

S'approprier le monde qui nous entoure en le dessinant ou le peignant, avec le regard de l'artiste. Pour certains, dessiner permet de mieux appréhender les choses, parce que cela nécessite une attention particulière.

 

Nous croyons connaître le monde dans lequel nous vivons. Parce que cela nous rassure. Pourtant, en prenant une certaine distance par rapport à ce que nous savons, on peut discerner un monde insoupçonné, superposé ou décalé, dans lequel il est possible de s'immerger sans utiliser de drogues, simplement en donnant de l'importance au "ressenti" plutôt qu'au "reconnu". Le sensible permet de s'intéresser au particulier, au singulier. Tout en rétablissant le lien qui unit tout ce qui nous entoure. Alors que le connu fait référence à une vision commune, synthétique, stéréotypée, académique.

 

Que l'on choisisse le figuratif, l'abstrait, ou l'imaginaire : ce qu'il faut, c'est faire rêver les autres.

Éveiller ou réveiller l'imaginaire endormi du spectateur. Trouver un langage commun pour qu'un terrain d'échange puisse exister.

 

Réveiller l'imagination. La développer en s'exerçant, en notant ce qui nous passe par la tête. Dans imagination, il y a image. Capter ces images fugitives. Ce qui va nourrir notre capacité à représenter avec une vision personnelle.

 

Toujours travailler en considérant que l'on va donner le meilleur de soi même.

 

L'impression au premier contact avec une Å“uvre est fondamentale.

 

J'ai dit par ailleurs que le labeur ne devait pas être visible. Parce que l'œuvre finale ne devrait pas laisser transparaître la difficulté. De ce fait, certains pourraient penser que l'art est chose facile. Ce qui pourrait entraîner une certaine frustration quant au résultat de leurs propres essais et tentatives.

 

On entend souvent parler de don, de talent, de facilités... Certes, il existe des personnes favorisées. Mais le talent sans travail ne donne rien. Chacun ne part pas du même point. Et n'évolue pas à la même vitesse. Je l'ai déjà dit, pour l'artiste, le temps n'a pas la signification habituelle. Mais pour tout le monde, c'est bien le travail et la pratique qui font la différence.

 

Laisser de côté l'anecdotique, le local au profit de la simplification, de la vision d'ensemble.

 

Si quelque chose n'est pas lisible sur votre sujet (les orteils visibles d'un pied caché par un modèle, ou une maison en partie occultée par un obstacle dans un paysage par exemple), changez de point de vue ou supprimez ce qui n'est pas compréhensible aisément.

 

Ne vous laissez pas détourner de votre sujet par vos connaissances intellectuelles : Â« Je devrais voir ceci, donc je peins ceci Â». « Ici un pied, donc je peins un pied Â». Ne peignez que ce que vous voyez.

 

On n'est pas maître de ce que l'on voit, mais on est maître de ce que l'on exprime.

 

Observez. Choisissez ce que vous souhaitez mettre en valeur :
Qu'est ce que je vois dans ce sujet ?...
De quoi me parle-t-il ?...
Qu'est ce que j'ai envie d'en dire ?...

 

On ne voit bien que ce que l'on connaît. D'où la nécessité de l'apprentissage du sujet. L'anatomie (dans une certaine mesure) pour la représentation du vivant (le corps humain ou celui des animaux). Les sciences naturelles pour le paysage ou la représentation de fleurs par exemple. La connaissance des matières et des lois de la physique pour la nature morte.

Bien sûr, il ne s'agit ici que de suggestions. Chacun pouvant interpréter à sa manière ce qu'il lui faudra apprendre. Souvenez vous : il n'y a pas de règle.

 

Derrière toute recherche, il y a une raison, l'expression d'une vision intérieure qui prend parfois le dessus sur le sujet lui-même. Cette recherche peut être mentale, intentionnelle, ou être pulsionnelle, plus intuitive, visionnaire, faite de tâtonnements, de repentirs, de reprises, de retouches, de redites, d'expérimentations, jusqu'à l'épuisement parfois. Du sujet, et de l'artiste...

 

Épuisez le sujet. Voyez comment certains artistes reprennent, parfois durant toute leur vie, les mêmes thèmes, les mêmes motifs, cherchant à aller toujours plus loin dans la fascination, l'interprétation, l'exploration, la subtilité, l'aventure. Voyez les traces du travail acharné auquel peuvent se livrer certains artistes en prise avec leurs pulsions intérieures, leurs fantômes... le feu qui les anime. Comme la manifestation extérieure d'une lutte intérieure.

 

Une photocopieuse reproduit l'original à l'identique. Enfin presque... un scanner et une imprimante, reliés à un ordinateur ou pas, permettent d'obtenir une copie acceptable.

 

Pour reproduire ce qui nous entoure, conformément à notre vision, un appareil photo peut suffire. Le travail du peintre consiste à observer (le travail de l'œil), trier les informations reçues et choisir quoi garder (le cerveau), traduire ensuite la synthèse de ce qui est perçu sur la toile (le travail de la main).

 

Faire travailler ensemble ces différentes parties du corps n'est pas une mince affaire, car à l'intérieur du cerveau s'opposent :

  • le mental
    - intellectuel, moralisant, qui conteste toute proposition nouvelle, non conforme à ce qu'il connaît -,

  • et le sensitif
    - tout en émotions, en sensations, qui ne cherche lui, qu'à exprimer ce qu'il perçoit, ce qu'il décèle -.

 

Une des taches essentielles pour l'artiste est d'arbitrer ces tendances, de gérer les conflits intérieurs, et d'obtenir quelque chose de cohérent pour lui-même.

 

Recettes magiques et Formules secrètes

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