Suggestions pour les Débutants
Le portrait :
Le portrait était par le passé considéré comme le moyen de passer à la postérité. Les temps ont changé. Quelque part il est devenu maintenant un exercice de style, car personne ne s'intéresse plus vraiment au portrait en tant que représentation fidèle. Il est beaucoup plus facile de faire un agrandissement photographique, retouché sur ordinateur éventuellement. Même si une photo ne remplacera jamais un portrait pour dépeindre le caractère d'un personnage.
Il y a les inconditionnels du portrait, et ceux que cela laisse indifférents, dès qu'il ne s'agit plus de quelqu'un de leur famille.
La reconnaissance de visage (anthropométrie) nous indique que même si la photo fait la taille d'un timbre poste, la ressemblance saute aux yeux. Elle n'est pas dans la juxtaposition des détails, mais dans l'harmonie, l'organisation, la disposition de l'ensemble. Il est impressionnant de constater que nous sommes capables de reconnaître quelqu'un à une distance respectable, et ceci quelle que soit l'orientation. De dos, de face, de profil.
Pour le portrait, il y a trois éléments à prendre en compte. Il faut que l’artiste trouve ce qu’il cherche dans son œuvre, que le modèle se retrouve dans le tableau, et que le public reconnaisse le modèle. Ce n'est pas une affaire simple... L'œuvre doit plaire au peintre, au modèle, et au public. Chacun doit y retrouver ce qu'il cherche. La problématique est différente pour les peintres reconnus, car dans ce cas, le public admet plus facilement que le style l'emporte sur la ressemblance.
Sur un autoportrait, on peut se permettre des expérimentations, des éclairages différents, des traitements particuliers, sans craindre la critique du sujet. Cependant il faut accepter de remettre en cause son image.
Un bon exercice, comme le pratiquaient déjà Léonard de Vinci ou Honoré Daumier, consisterait à chercher la caricature, amplifier les défauts, en ne retenant que les traits caractéristiques.
Un visage, ce n'est pas deux yeux, un nez, une bouche, des cheveux et des oreilles, jetés çà et là sur le tableau... D'une manière générale, on part de dimensions "standards" : du menton au haut du front, à la limite de l'implantation des cheveux, le portrait doit faire la taille d'une main, du poignet au bout du majeur. Une marge est toutefois tolérée.
Cette longueur sera ensuite divisée en trois parties égales :
- du menton à la base du nez,
- de la base du nez, à la ligne supérieure qui joint les sourcils,
- des sourcils à la limite de l'implantation des cheveux.
Il faudra ajouter la chevelure, et adapter les proportions en fonction du sujet. Peu de gens correspondent exactement aux règles de base.
L'espace entre les deux yeux fait en général la taille d'un œil.
La ligne des yeux se trouve à peu près à mi-hauteur du crâne.
Bien sûr, toutes ces indications doivent être modifiées en fonction du sujet.
Attention, comme nous sommes habitués à regarder les gens de face, la partie latérale ou le crâne, ont tendance à être trop petits, trop ramassés, parce que dans l'observation, nous y attachons moins d'importance.
http://apprendre-a-dessiner.org/comment-dessiner-et-deformer-un-visage/
http://static.skynetblogs.be/media/166204/3874237181.pdf
Le figuratif, l'abstrait, l'imaginaire :
On oppose souvent figuration et abstraction. Pour certains, l'abstraction est affaire de puristes, utopistes, fanatiques d'un cercle restreint. Il n'en est rien. L'abstraction commence avec le dessin d'enfant. Toute simplification conduit à une forme d'abstraction. Le trait est une abstraction.
Entre le figuratif hyperréaliste et l'abstraction pure, tout est possible. Le cerveau humain décompose ce qu'il voit pour le recomposer en fonction de ses connaissances du sujet.
Dans toute œuvre l'œil scrute, chemine, à la recherche de formes repères, des ombres, des lumières, une profondeur. Le langage du cerveau est construit autour de ces notions qu'aucune parole ne sait décrire simplement. Les harmonies, les oppositions, les couleurs parlent directement à notre intellect, sans utiliser nécessairement les formes figuratives.
Nous sommes en permanence à la recherche d'une lecture, d'une interprétation, d'une signification.
Dans le figuratif, l'œil trouve rapidement des contours familiers, des formes identifiables, des lumières auxquels il est habitué.
Dans le non-figuratif, le mental est sollicité. La lecture n'est pas simplifiée, mais brouillée. Malgré tout le regard s'accroche à des silhouettes, des ombres qui lui rappellent celles apprises par l'expérience. Il croit reconnaître quelque chose de familier : un objet, un paysage, un visage. S'il ne le trouve pas, il peut paniquer et rejeter d'œuvre. S'il y détecte ce qu'il cherche, il va s'accrocher, fasciné. Comme sidéré.
La narration devra être le reflet de notre vision intérieure. Elle reprendra ce langage universel des formes, des masses, des volumes, appris par tous depuis l'enfance.
L'imaginaire seul est assez pauvre dans son expression. Il faudra s'appuyer sur l'observation, la pratique et les références du figuratif pour lui donner de l'épaisseur, du volume, de la signification.
L'abstrait existe partout. Il se manifeste dès que nos sens se trouvent devant l'inconnu, lorsqu'il devient difficile, voire impossible de mettre un nom précis sur une apparence, un concept, une silhouette. Il n'y a pas de mots pour décrire la scène. En peinture, cela se manifeste quand la touche, le geste, le mouvement, les formes, les couleurs, leurs nuances, leurs interactions, prennent le dessus sur la représentation. Lorsque la matière et ses arrangements aléatoires s'imposent et deviennent le sujet. La surface du tableau s'anime sans qu'une évocation précise prenne le dessus.
Créer ne signifie pas faire n'importe quoi, mais jouer avec les éléments à notre disposition pour composer un ensemble qui prend sens à nos yeux.
Une approche possible de l'abstraction consiste par exemple à reprendre une œuvre ou une photographie et à la simplifier. À en isoler certains éléments, que l'on recomposera différemment, éventuellement en jouant sur les proportions, un effet d'échelle, ou un rapport de couleurs. D'essai en essai une progression devrait se dégager.
Des photos floues ou des photocopies dégradées, pourront être une ouverture vers de nouveaux essais.
La macrophotographie donne accès à une infinitude d'aspects, d'apparences, de ressemblances qui s'apparentent au non-figuratif. Notre méconnaissance de ce monde du très petit à l'infiniment petit, oblige notre esprit à imaginer des interprétations. Prospecter dans cette direction peut ouvrir des pistes pour les explorateurs téméraires.
Le peintre devra œuvrer pour trouver son propre espace intérieur, et l'exprimer de manière compréhensible. Suffisamment éloquente à ses yeux.