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Le temps n'existe pas. Le temps ne compte pas.
 

Ici encore, il y a trois significations ou si l'on préfère,
trois interprétations pour le travail du temps.

 

Seul le présent existe :

Seule la pratique compte. Dans l'instant. Hors du temps.

 

Ne pas s'occuper de ce que l'on a fait auparavant. Tout oublier. Chaque jour est un jour nouveau. Ne pas se préoccuper du futur. Tout est toujours possible.

 

Mais pour que ce possible devienne réalité, il faut utiliser le présent, réunir les conditions indispensables à cette création.

 

Il est nécessaire de se détacher absolument du résultat. La peinture c'est le peintre face à son travail. L'œuvre viendra par surcroît. Elle apparaît progressivement sous le regard de l'artiste.

 

Le regard des autres lui, arrivera plus tard. Mais ce sera une autre étape, dans le futur. Pour le moment, nous sommes dans le présent : la phase de création.

 

Toute forme de yoga conduit à cette constante : c'est ici et maintenant que cela se passe.

 

Cultiver le geste, dans la pratique, au présent.

 

 

Accepter l'émotion du moment

 

L'œuvre naît dans l'instant, dans l'envie. Rappelons le : ici et maintenant. C'est une forme de Yoga. Certains artistes ne s'intéressent à la peinture que pour cette forme de philosophie qui leur permet de prendre du recul par rapport à l'agitation du monde, de la vie.

 

À ce stade, le regard de l'artiste est fondamental. Sa sensibilité, son ressenti, aiguisés par l'expérience, lui permettent d'apprécier ce qui doit être pris ou repris dans son travail et comment.

 

L'émotion de l'instant peut naître du sujet, mais le plus souvent, elle vient du plaisir de peindre. Hors du temps. Hors de l'agitation du monde. Dans ce lieu clos qu'est l'atelier du peintre, ou simplement dans cette bulle que constitue la sphère de la création : l'œil, le sujet, la main, le tableau.

 

L'artiste sait aussi percevoir l'étincelle de magie qui se produit sous ses yeux. Il sait reconnaître ce qui est intéressant pour lui. Discerner l'erreur, l'accident et les considérer comme une particularité digne d'attention, remarquable, un cadeau, une richesse.

 

Il sait aussi qu'il peut tout perdre s'il ne s'arrête pas au bon moment.

 

Ici plus qu'ailleurs, le mieux est l'ennemi du bien.

 

L'œuvre peut naître en quelques instants. Ou ne pas venir. Fuir même lorsque l'on s'acharne. Trop de travail tue l'œuvre.

 

Parfois, des choses séduisantes se produisent en fin de séance. On sait que l'heure est proche, que l'enjeu devient nul, qu'il est trop tard pour tenter de contrôler quoi que ce soit. Particulièrement à l'acrylique. La peinture est en train de sécher. Le détachement est alors plus facile.

 

Rester à l'écoute de ce qui se passe. Ne pas relâcher son attention.

 

 

Ne pas se préoccuper de ce que deviendra l'oeuvre plus tard

 

Ce qui n'existe pas encore peut advenir. Ce qui existe peut évoluer.

 

Lorsque l'artiste estime que son œuvre est achevée, celle-ci vivra sa propre vie, indépendamment de l'auteur. Sur un mur, exposée, ou dans un grenier, oubliée.

 

Apprendre à se détacher du résultat aide à se concentrer sur le moment présent, celui de la création. La terre ne va pas s'arrêter de tourner si je ne parviens pas à faire ce que je veux comme je veux, dans l'instant.

 

Apprendre à se détacher du sujet, le tableau peut exprimer quelque chose indépendamment du sujet. Exister par lui-même.

 

Personne ne viendra voir si le sujet était exactement comme il figure sur le tableau. Seul le tableau compte. Le sujet n'est qu'un support, un prétexte.

 

En ce moment, seul cet instant de création compte.

 

Apprivoiser le temps :

 

Le temps est notre allié

Travailler vite.

 

Aller à l'essentiel. Non pas dans la précipitation, mais dans l'urgence. Parce qu'un rayon de soleil, un enfant n'attendent pas.

 

Travailler dans un laps de temps prédéfini, limité, aide à aller à l'essentiel. Il faut se fixer une limite temporelle raisonnable.

 

Nous sommes ici dans le domaine du croquis.

 

Travailler vite empêche de trop réfléchir. La raison est dépassée. Cela permet de mettre en avant la spontanéité, de renforcer les réflexes, ceux de l'œil qui scrute, ceux de la main qui suit.

 

Considérer chaque croquis rapide comme une œuvre à part entière.

 

Traiter chaque tableau comme s'il s'agissait d'un croquis, à enlever en quelques traits, quelques touches rapides.

 

 

Prendre son temps.

 

Il n'est jamais trop tard pour débuter un travail. Le présent est toujours là. Fidèle au poste. À chaque instant, il répond "présent".

 

Cent fois sur le métier replacez votre ouvrage. Voyez comme les artistes qui nous ont précédé revenaient inlassablement sur leurs sujets favoris, comme pour en exprimer chaque fois un peu plus.

 

Prendre le recul nécessaire pour évaluer ce qui est en cours d’exécution.

 

Le temps passé à étudier le motif, à contempler ce qui a été fait, à le comparer au sujet, ou à ce que notre imagination avait choisi, n'est pas du temps perdu. C'est un moment nécessaire et fondamental.

 

Si vous êtes satisfait de votre travail, mettez le de côté et recommencez.

 

Si vous n'êtes pas satisfait de ce que vous avez fait, commencez une autre tentative. En repartant du début. Le premier essai aura ouvert la voie. Vous savez maintenant où vous allez.

 

Pour l'aquarelliste qui travaille dans l'humide, la maîtrise du temps a une signification particulière : il doit comprendre le cycle de l'eau, et apprendre à le gérer. On ne maîtrise pas l'eau, que ce soit dans ses effets dévastateurs à grande ou à petite échelle. On apprend juste à bien la connaître pour utiliser ses spécificités et canaliser ses ardeurs.

 

Travailler sans relâche

 

Dans cette phase peut-être plus que dans toute autre, il faut se libérer du résultat. Au début il peut y avoir frustration parce que l'objectif que l'on s'est fixé ne peut être atteint dans la durée initialement prévue. Avec le temps, on finit par mieux maîtriser la démarche qui permet d'aller directement à l'essentiel, en respectant les phases de construction, de consolidation, en sachant où l'on va.

 

Le temps qui vous est donné ou que vous vous êtes fixé est un temps maximum. Ce temps peut permettre d'entrer dans le sujet s'il est suffisamment long. S'il est court, une minute par exemple, il ne faudra que construire, donner quelques indications de direction, de mouvement, ou de répartition des ombres et lumières. On ne peut tout noter. On ne le répétera jamais assez, c'est justement là l'intérêt des poses courtes : apprendre à aller directement à l'essentiel.

 

À chaque jour son lot de réussites et de déceptions. Mais chaque jour qui vient recèle des promesses. Parce que le meilleur est à venir.

 

Si vous n'êtes pas pleinement satisfait de ce que vous avez fait, c'est dans la répétition des tentatives, la persévérance, que va se glisser la réussite. Elle arrivera par surprise. Parce qu'on ne l'attend plus. Parce qu'on est concentré sur son travail. Parce qu'on donne le meilleur de soi.

Troisième domaine : Le monde de la relativité,
Le travail du temps

alain montagne peint - passion dessin peinture
Alain Montagne peint - passion dessin peinture
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