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Recettes magiques et Formules secrètes

alain montagne peint, passion dessin peinture
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Différentes méthodes pour apprécier un tableau :

 

  • Observer le tableau dans un miroir.
    Ici, c’est la droite et la gauche qui sont inversées. Curieusement, cette opération met en évidence des défauts de perspective, elle place les détails sous un jour nouveau et semble amplifier les défauts. Les aberrations sur les portraits "sautent" aux yeux. Les erreurs auxquelles notre regard s'était accoutumé deviennent visibles sous ce nouvel angle de vue.Le miroir met de la distance entre l'œuvre et l'observateur. Il cerne le sujet, et donne à le voir comme de l'extérieur. C'est une autre vision, une autre œuvre que nous découvrons, et à laquelle nous ne sommes pas encore habitués. Notre regard est neuf.

     

  • Se déplacer par rapport au tableau pour examiner l'œuvre en regard rasant (prendre un angle de 70° environ par rapport à la perpendiculaire au plan du tableau). Cet angle crée des raccourcis qui rendent facilement perceptibles les erreurs de perspective, ou d'alignement (continuité d'une ligne en arrière-plan, interrompue par le sujet, par exemple). Procéder dans les quatre directions, de droite, de gauche, de dessus, du dessous.

 

  • L’épreuve de la lumière et de la pénombre. Observer le tableau en pleine lumière, puis en sortant de l'obscurité, dans une lumière atténuée. Certaines œuvres, insignifiantes en pleine lumière parce que peu contrastées, prennent toute leur dimension dans la pénombre. Ceci révèle naturellement ce manque de contraste, ou de profondeur.
     

  • À la lumière du jour, puis à la lumière artificielle. Les couleurs, les nuances, seront obligatoirement rendues différemment.Ces situations permettent d’évaluer la luminosité et le contraste. La répartition des masses, des valeurs. Il conviendra de décider quoi faire ensuite, en fonction des constats.
     

  • Observer le tableau de loin et de près. La lecture n'est pas la même.
    Vue de très près : vous allez entrer dans le tableau, apprécier le travail de la matière, la touche, les mélanges, juxtapositions, glacis, superpositions, les oppositions locales, la qualité picturale de l'œuvre.
    Vue de loin : la composition, la mise en valeur du sujet, la narration du tableau, le cheminement, le parcours de l'œil dans l'œuvre, la volonté du peintre.
    La vue d'ensemble laisse place à une analyse de détails en se rapprochant.
    Ce qui est impossible quand on regarde une représentation de tableau dans une revue ou à travers des photos.
    Seule la rencontre avec un original permet d'avoir cette vision intime de l'œuvre.
     

  • Retourner le tableau et l’observer la tête en bas. Le sujet disparaît. Ne subsistent que les masses, les oppositions ombres et lumières, couleurs chaudes et couleurs froides. La couleur dominante par rapport aux autres. La vision devient globale, abstraite.  (C'est ce qui a permis à Kandinski de découvrir l'abstraction, par accident).
     

  • Pour un tableau abstrait, il faudra essayer les quatre orientations, quart de tour par quart de tour. On a parfois de bonnes surprises. Tel tableau qui paraissait insipide, ou sur lequel on ne voyait rien d'intéressant, peut se révéler sous un certain angle, et nous ouvrir quelques pistes nouvelles. Quelques perspectives insoupçonnées. Et nous redonner envie d'y aller. Ou décider tout de go qu'il est terminé, et à regarder selon cette nouvelle orientation.

 

Laisser passer du temps, revenir quelques heures après ou les jours suivants et repasser les tests proposés ci-dessus.

 

Figuration et abstraction

Par le passé, lorsque la photo n'existait pas, le figuratif était indispensable. Le peintre avait pour mission de laisser des traces les plus fidèles possibles (ou les plus avantageuses possibles) à la postérité.

 

Aujourd'hui, il est beaucoup plus simple d'utiliser un appareil photo, pour figer en quelques instants un portrait ou un paysage. Le peintre devient beaucoup plus libre dans ses choix. Il lui est permis de s'écarter de la représentation consciencieuse au profit d'une interprétation plus personnelle.

 

Depuis les impressionnistes et leurs successeurs, de nombreuses voies ont été ouvertes dans lesquelles des peintres se sont engouffrés. Avec le recul, nous savons maintenant que tout est possible, et son contraire. Depuis le carré blanc sur fond blanc de Kasimir Malevitch, aux outrenoirs de Pierre Soulages.

 

Un certain nombre de personnes opposent la figuration et l'abstraction. Parfois le peintre doit choisir entre ces deux approches. Pourtant entre ces deux extrêmes, tout est bienvenu.

 

Neuf personnes sur dix ne voient dans l'art abstrait que gesticulation, gribouillage et barbouillage. On entend régulièrement : « ça ne me parle pas ! », « je n'y connais rien ! », « ce n'est pas pour moi. ».

 

Il faudra choisir votre camp. Et si vous faites partie de la minorité, vous habituer aux commentaires pas toujours positifs... Faire le gros dos et persévérer. Attendre que vous finissiez par convaincre, ou accepter de rester en marge.

 

Jamais et toujours ne devraient jamais être utilisés. Ils sont toujours l'indicateur (le révélateur) de fausses certitudes qui pourront évoluer dans le temps.

Mieux vaudrait dire parfois pour jamais, ou souvent pour toujours. À moins que ce ne soit le contraire.

 

Pour beaucoup, l'abstrait est synonyme de facilité. Il n'en est rien. Les références de notre cerveau, lorsqu'il observe une image, sont les éléments de la vie et leur agencement en trois dimensions. Même sur une œuvre plate, telle qu'une feuille de papier, l'œil cherche la profondeur. Il est donc indispensable de recréer dans une œuvre abstraite, cette troisième dimension, ou son illusion, pour que la lecture soit complète.

 

Même pour quelqu'un qui souhaite rester dans le figuratif, s'intéresser à l'expression abstraite et pratiquer quelque temps l'abstraction, pourrait permettre de libérer l'expression et aborder les techniques avec un regard différent.

 

De la motivation :

Il y a l'envie de peindre qui nous prend devant un sujet, un paysage, un visage, une lumière.

Il y a le plaisir du défi, la fébrilité du début.

Il y a l'angoisse de ne pas parvenir à traduire cette émotion, cette grâce, ces vibrations que nous percevons ou avons perçues.

Il y a la frustration de ne pas aboutir à ce que nous souhaitions, l'écart inévitable entre le ressenti au niveau du sujet, et le perçu au niveau du tableau, qui sont fondamentalement différents.

Et parfois, il y a la fierté d'avoir su capter et transcrire, à notre façon, dans l'instant, cet ensorcellement qui nous avait attiré.

Et cette réussite, même si elle est partielle et imparfaite, va nous remotiver, nous redonner l'envie d'y aller, à nouveau.

 

Beaucoup de peintres aiment se ressourcer dans leur atelier, ou le lieu qui leur sert d'atelier. Un peu à l'écart des tumultes et du bruit du monde extérieur, loin des querelles entre ego et pouvoir. Leur pouvoir à eux, la manifestation de leur ego, trouvent place dans la liberté de création, dans l'expression artistique.

 

Ne vous laissez pas détourner de vos envies par les critiques.

 

En revanche, acceptez d'être détourné du sujet que vous aviez choisi au départ : ce sujet me parle, j'ai envie de peindre ce qu'il me dit, plutôt que respecter ce que j'ai cru voir initialement. Du rouge ici. Du sombre là. Même si la formule n'est pas des plus heureuses, chacun le sait, il n'y a que les imbéciles qui ne changent jamais d'avis.

 

Tout a été dit ou presque en matière de peinture depuis les impressionnistes, alors pas de complexe, pas de crainte.

 

La crainte est l'ennemie de la création.

 

Dans un premier temps, on peut considérer que l'on a des choses à prouver. Le travail se concentrera alors sur la réalisation. On recherchera la perfection dans la technique, on privilégiera une certaine esthétique, dans l'attente d'une forme de reconnaissance. Par la suite, dégagé de cette quête, l'artiste pourra se consacrer davantage à exprimer sa personnalité, sa sensibilité, sa vision intime en affirmant ses choix et ses goûts, loin des lieux communs et des règles imposées, en toute liberté.

 

Se souvenir que peindre est quelque part un défi. Un défi de compréhension, un défi d'interprétation. Un cri d'affirmation de soi. Un chuchotement. En tout cas, un travail sur soi. Un besoin de parler de soi.

 

Tout est toujours possible.

 

Vous possédez quelque chose d'unique et de tout à fait neuf : votre regard, votre vision, votre émerveillement. Il y aura toujours une place pour une expression personnelle, la vôtre. On pourra chercher à l'imiter, mais personne ne pourra se l'approprier.

 

La vie est faite de cycles. La succession des années. La course des saisons. L'alternance du jour et de la nuit. La ronde des heures. Vous rencontrerez l'alternance de périodes de création, de construction et d'observation. De moments de flottement, de moments d'exaltation.

 

Rassurer le mental : « Mais non tu n'es pas aussi mauvais que tu le crois... », ou « aussi mauvais que certains le disent ».

 

La juste satisfaction, qui entraîne la motivation, se situe entre l'autosatisfaction, qui conduit à la suffisance, et l'insatisfaction, qui peut donner envie de tout plaquer. Naviguer entre ces extrêmes constitue le quotidien. Pour continuer à progresser, il faut se maintenir modestement entre les deux.

 

Quand la magie opère...

Peu importe la justesse du trait, de la forme, si vous avez le cadre, la composition, l'atmosphère.

Peu importe la justesse des couleurs, si vous avez l'harmonie générale.

Peu importe la justesse des ombres et des lumières, si vous avez l'ambiance, la profondeur.

Mieux vaut exprimer quelque chose de sincère et de spontané que d'être juste, techniquement parfait mais plat, ou sans expression.

 

Quand la magie opère, deux options critiques sont possibles :

 

  • Continuer le tableau en essayant de garder cette magie, au risque de la perdre,
     

  • Laisser le tableau de côté, et tenter de reproduire cette magie (d'où l'intérêt de se perfectionner en se copiant soi-même), avec probablement quelques tentatives infructueuses au départ, au risque de ne pas parvenir à retrouver cette alchimie de manière convaincante et spontanée.

 

Il peut être intéressant et rassurant de garder des traces de ces moments d'exception.

 

Récupérer des essais non satisfaisants :

Découper une fenêtre rectangulaire ou carrée dans une feuille blanche, et promener cette fenêtre sur votre œuvre, au contact, ou à distance. Autre solution, utiliser un viseur à cadrer, tout prêt, de chez Géant ou un autre fournisseur. Ou encore découper, dans une feuille de papier blanc, deux équerres en L, de cinq centimètres de large environ. Déplacer ces équerres jusqu'à isoler un motif plaisant sur votre tableau.

 

Ensuite, deux options possibles :

 

  • découper dans votre feuille ou votre toile cette partie séduisante et en faire une œuvre à part entière (les plus grands l'on fait). Inutile de dévoiler au public votre manière de procéder.

 

  • tenter de reproduire cette partie intéressante dans un autre tableau.

 

 

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